Aller à contrecœur à l’entraînement, manquer de plaisir à pratiquer, mal dormir la nuit : une enquête menée fin 2020 chez des sportifs français, majoritairement de haut niveau, s’inquiète de la santé mentale des plus jeunes d’entre eux.
De plus en plus de sportifs ou de sportives font part, encore souvent après leur carrière, des difficultés psychologiques auxquelles ils ont pu faire face, la dépression étant l’une d’entre elles.
Cette enquête a été menée en ligne fin 2020 à l’initiative du comité éthique et sport, association dédiée à lutter contre les déviances éthiques dans le sport et proposant notamment de l’aide aux victimes de violences et maltraitances. Ils ont été pris en charge par les psychologues dédiés habituellement aux victimes de maltraitances.
Cette enquête, dont les résultats ont été publiés lundi 8 novembre, a été menée sur plus d’un millier (1020) de sportifs de 15 à 40 ans et plus, dont 28 % sportifs de haut niveau, 15 % de professionnels, 32 % « compétiteurs sans statut » pro, et 25 % pratiquent en loisir. « Entre environ 80 % et 90 % (dont entre environ 20 % et un tiers de façon fréquente) se sentent directement concernés par au moins une des situations suivantes : manque de force ou d’énergie (89 %), sentiment de tristesse (88 %), nervosité/anxiété (86 %), manque de confiance (86 %), ramollissement (81 %) ».
« In fine, un manque d’envie de pratiquer son sport, sa passion et le sentiment de stagnation des performances sportives », détaille cette étude. Un sentiment de « stagnation des performances », mais aussi « se rendre à contre coeur à l’entrainement ou bien encore le manque de plaisir à pratiquer » sont évoqués « par environ la moitié des sportifs (ves) ».
Pour Véronique Lebar, médecin de profession, « les résultats sont alarmants chez les jeunes ». Les 15-17 ans et les 18-25 ans se disent à plus forte proportion que « la vie ne vaut pas la peine d’être vécue ». L’étude relève également des « signaux forts et alarmants » chez les hommes et les pratiquants de sports collectifs, ou ceux et celles qui sont insatisfaits de leur rémunération.
Pour qu’un sportif, ou une sportive, puisse se dire « même si je suis dans la performance, j’ai le droit d’être malade », explique-t-elle. Et de citer la super star de la gym Simone Biles, qui a craqué au début des JO de Tokyo et s’est mise en retrait afin de préserver sa santé mentale, mais aussi physique car elle perdait ses repères en l’air.
Source:AFP